19/02/2021

Est-ce le bon moment pour acheter une voiture ?
Et si oui, laquelle ?


On nous pose souvent la question en cette période de salon de l’Auto : Est-ce le bon moment pour acheter une voiture, et si oui, laquelle ?


On ne s’étendra pas ici sur l’aspect éthique, social ou même écologique de la chose, les aspects économiques et fiscaux étant les principaux moteurs (sans jeu de mots) de l’arbre décisionnel qui occupe nos clients entrepreneurs. En effet, ceux-ci regarderont en premier le côté objectif de l’impact concret sur leur portefeuille avant de prendre en compte, dans un second temps, l’aspect subjectif et émotionnel de leurs convictions. Ce n’est toutefois pas du tout incompatible, nous le verrons plus loin.


Première question : Est-ce le bon moment ? Assurément oui ! Et ce pour plusieurs raisons.

L’année 2020 est une année noire en matière de ventes de véhicules automobiles, les concessionnaires sont loin de leurs quotas et comptent bien se rattraper. Les stocks débordent, les parkings des usines sont remplis de voitures quasiment terminées, bref il y a de bonnes affaires à réaliser.


Le gouvernement nous a gratifié d’une énième réforme de la déductibilité des voitures en fonction de leurs émissions de Co2, interdisant même l’accès au centre-ville à bon nombre d’entre elles, et ont introduit une nouvelle notion géniale : les « faux hybrides », nous y reviendrons en détail. Le contribuable a donc une double crainte, la première est de se voir interdire de circuler librement partout, la deuxième est de se voir surtaxer pour pouvoir rouler sur les routes qui lui resteront encore accessibles.
Le marché est donc extrêmement chahuté, et les véhicules neufs moins polluants s’arrachent comme des petits pains chez les gestionnaires de flottes, voyant ainsi une manne gigantesque de véhicules d’occasion arriver sur le marché rendant votre vieille Golf diesel invendable tellement les prix de l’occasion s’effondrent.


Attention toutefois, ce n’est pas parce que la déductibilité de votre voiture de société passe de 70% à 50% qu’il faut se ruer chez votre concessionnaire pour acheter une voiture neuve qui émettrait moins de CO2 !


En effet, rappelons simplement que le taux réduit à l’impôt des société (pour ceux qui y ont droit) s’élève à 20%, et que donc une baisse de déductibilité de 20% ne générera au final qu’une économie réelle de 4% (20% de 20%), ce qui est à relativiser avec le coût de mise à la route du nouveau véhicule, la perte éventuelle réalisée sur l’ancien etc…


Exemple : Coût annuel du véhicule (amortissement – entretiens – assurance – carburant – pneus ) = 12.000 €.
Si déductible à 70% > impôt « gagné » = 12.000 X 70% X 20% = 1.680 €
Si déductible à 50% > impôt « gagné » = 12.000 X 50% X 20 % = 1.200 €
Coût réel de la baisse de déductibilité = 480 € par an… soit 40 € par mois pour une voiture qui coûte 1.000 € par mois.


Ce calcul peut paraître très simpliste mais il a le mérite de mettre en exergue la subtilité de la réflexion nécessaire générée par un taux ISOC relativement bas. Certains frais deviennent ainsi superfétatoires au regard du bénéfice d’impôt qu’ils procurent.
La sacro-sainte phrase « il faut faire des frais » perd ainsi une grande partie de son sens.


Notez que pour les indépendants soumis à un taux moyen de 40%, et aux lois sociales de 20,5 % (soit une taxation globale de (100 -20,5%2,3%, le calcul est évidemment différent : Coéfficient d'âge du véhicule


Exemple : Coût annuel du véhicule (amortissement – entretiens – assurance – carburant – pneus) = 12.000 €.
Si déductible à 70% > impôt « gagné » = 12.000 X 70% X 52,3% = 4393,20 €
Si déductible à 50% > impôt « gagné » = 12.000 X 50% X 52,3 % = 3.138,00 €
Coût réel de la baisse de déductibilité = 1.255,20 € par an… soit 104,60 € par mois pour une voiture qui coûte 1.000 € par mois. Toute ceci évidemment si vous ne croisez pas la route d’un fonctionnaire belliqueux qui considère que vous n’utilisez votre voiture qu’à 5/7èmes professionnels et vous réduit encore la déduction.


Deuxième question : Les « Faux Hybrides », c’est quoi ?

La première chose qu’on est tenté de répondre c’est : « une astuce inventée par nos dirigeants pour faire payer plus d’ATN a ceux qui s’achètent de gros SUV allemands hybrides en espérant les déduire à 100% ».
Argument battu en brèche et totalement faux : les gros SUV suédois et britanniques sont concernés aussi…


Plus sérieusement, pour être considéré comme un « vrai » hybride, un véhicule doit tout d’abord émettre moins de 50 gr de CO2 en mode mixte et ensuite avoir une capacité de batterie (rechargeable) supérieure à 0,005 fois le poids de la voiture. Ou plus simplement dit : une voiture de deux tonnes doit avoir une capacité de batterie de plus de 10KW.


Notez qu’on parle ici de véhicules hybrides dits « plug-in » et donc rechargeables sur une prise de courant. La déductibilité des véhicules hybrides non rechargeables est calculée sur base du taux de CO2 de leur moteur thermique depuis le 1er janvier 2021.


L’administration a la bonté d’établir une liste des voitures considérées comme fausses hybride, et elle est régulièrement mise à jour (dernière MAJ 01/02/2021):


Pour le calcul forfaitaire de l’avantage de toute nature, vous utiliserez l’émission de CO2 du véhicule non-hybride correspondant.
S’il n’existe pas de véhicule correspondant avec un moteur fonctionnant exclusivement avec le même carburant que celui du « faux hybride », le taux d’émission du « faux hybride » est alors multiplié par 2,5. La déductibilité est également revue en conséquence.


Troisième question : Quel carburant pour quel usage ?

Nous mettrons bientôt à votre disposition un simulateur de coût global, qui vous permettra de définir le véhicule le plus financièrement adapté à vos besoins.


Il existe de nombreux articles, très bien faits à ce propos.
Voici ce qui en ressort de manière générale :


  1. Pour un usage exclusivement citadin : Véhicule électrique ou essence. Il faut savoir que les diesels supportent très mal les trajets courts répétitifs, car le filtre à particules a besoin de temps pour chauffer et atteindre sa température d’efficacité optimale. Garder une voiture diesel pour faire de petits trajets pendant l’année et faire un trajet de plus de cinquante kilomètres une fois par an pour les vacances n’est pas un bon calcul, vous risquez de vous retrouver en panne régulièrement avec un catalyseur bouché, cher à réparer. La ville est souvent synonyme de parking public, ce qui rend le véhicule difficile à charger si on n’a pas de garage. Le véhicule électrique étant également plus cher à l’achat mais moins cher à l’entretien et en taxes, il faudra bien calculer le coût global des deux solutions avant de faire un choix.

  2. Pour un usage mixte urbain / périurbain, et kilométrage faible. Véhicule essence ou électrique. Les explications ci-dessus s’appliquent également ici, avec une nuance de taille, dans le cas de l’électrique il vous faut un véhicule avec une autonomie suffisante. Ces véhicules sont donc souvent plus chers, plus lourds, plus gros… si vous n’avez pas de garage, passez votre chemin…

  3. Pour un usage mixte urbain / périurbain, kilométrage supérieur à 20.000 km / an. Véhicule électrique, essence ou hybride. Deux choses importantes à savoir au sujet des voitures hybrides : Elles sont plus chères et, sur autoroute, elles consomment plus qu’une voiture « non hybride ». En effet, la cinématique hybride et le poids des batteries font qu’elles ont besoin de plus d’énergie pour se mouvoir et bien souvent le système électrique se coupe au-delà de 100 km/h, laissant la voiture se nourrir de grosses goulées de carburant pour compenser. L’hybride sera donc plus intéressant uniquement si vous « jouez le jeu » : recharger la batterie le plus souvent possible, rouler en dessous de 100 km/h et faire beaucoup de kilomètres, car chaque kilomètre supplémentaire diluera le surcoût généré à l’achat.

  4. Pour un usage périurbain, kilométrage supérieur à 25.000 km/an. Véhicule électrique, hybride ou diesel. Malgré son coût d’entretien plus élevé, le diesel reste le chameau de l’autoroute et des grands axes. Il a le meilleur rendement énergétique et donc déplacera le véhicule de manière optimale, avec une consommation réduite. Pour l’hybride, c’est pareil qu’au paragraphe précédent, si on joue le jeu, il faut calculer le ratio gain / km. Pour l’électrique, on parle ici des modèles affichant la plus grande autonomie, donc les plus chers. Le calcul est donc important à faire. L’exemple le plus courant (encore un jeu de mots) est la tesla Model 3 Long range. Ce véhicule revendique une autonomie de 540 Km. Comptez réellement 420 km, aux allures légales. Elle consomme en moyenne 18kw/h au 100km. Le KW/h en superchargeur s’échange aux alentours de 0,30 €, ce qui vous fait un coût de 5,4 € / 100 km, soit un gros 4 litres au 100 (si on considère le litre de carburant à 1,30€). Si vous rechargez votre voiture la nuit à votre domicile, le kw/h en heures creuses est en moyenne à 0,17 €, ce qui vous fait un coût de 3 €/100km, l’équivalent d’à peine plus de 2l/100km… Et si vous avez des panneaux solaires c’est encore moins. Donc mine de rien, pour le navetteur qui fait 120 km aller/retour pour aller travailler 200 jours par an, soit 24.000 km par an hors trajets privés, par rapport à son diesel qui consomme 5l/100 km il peut économiser au minimum 1l/100, soit 1,3€ par an, plus la taxe de circulation (82,10 € par an en Wallonie), plus la taxe de mise en circulation (61,50 € en Wallonie) lissée sur la durée de vie du véhicule, plus leCoéfficient d'âge du véhicule entretiens (pas d’huile, ni de filtres à huile dans les Tesla) etc etc… et il peut économiser jusqu’à l’équivalent de 5l/100 si ses panneaux solaires sont totalement amortis, soit un bon 1.500 € par an, en plus des autres économies citées plus haut.
    Si les sommes paraissent faibles ici, qu’en est-il de la comparaison entre une Porsche Cayenne (fausse) hybride qui consomme un bon 10l/100, qui coûte au bas mot 100.000 €, plus 5.000 € de TMC et 2.000 de taxe de circulation annuelle (déductible à 50%) et que l’on compare avec une tesla Model S dont le prix est quasiment identique, mais qui ne souffre d’aucune taxe, qui est déductible à 100% et… qui offre le carburant à ses acheteurs !

  5. Pour un usage exclusivement autoroutier : Assurément le diesel reste le meilleur rendement. A quelques exceptions près (La Tesla Model S Plaid +, pour ne pas la citer, impayable et non encore testée en conditions réelles) aucun modèle électrique ne peut vous descendre à la côte d’azur en une seule étape à l’heure actuelle, et aucune voiture essence ou hybride non plus. Les allemands ne font pas des grosses bagnoles pour le plaisir, la taille de leur pays et leur culture professionnelle fait que bon nombre d’entre eux font régulièrement plus de 300 km par jour et ne peuvent se permettre de passer ¾ d’heure à biberonner à une station de recharge. Le diesel est loin d’être enterré, sachez-le.

Mais attention… les chinois arrivent… et les gouvernements changent. Ce qui nous amène à la question suivante.


Quatrième question : Comment financer ma voiture ?

Prenons le problème à l’envers et répondons par une autre question : que vais-je faire de ma voiture lorsqu’elle sera payée et amortie ? En effet, personne ne peut aujourd’hui garantir que dans quatre ans un olibrius ne va pas tout simplement interdire les diesel, ou taxer les voitures électriques en fonction de leur poids (c’est dans les projets) ou inventer encore une mesure farfelue qui ne sera évidemment pas la même en Flandre.
Jetez un coup d’œil au projet de TMC français des trois prochaines années, ça fait très peur.
Donc nous conseillons de ne pas acheter votre voiture, mais de la louer sur une durée la plus longue possible, avec une valeur résiduelle la plus élevée possible. Ainsi, à la fin du contrat, vous aurez l’opportunité de rendre la voiture à votre concessionnaire et de n’absolument pas vous préoccuper du fait qu’il se retrouvera ainsi avec une voiture invendable sur les bras. Si miraculeusement votre voiture a encore une valeur de marché supérieure à la valeur résiduelle, libre à vous de la racheter et de la conserver ou la vendre vous-même en réalisant une plus-value.
Petite astuce : certaines sociétés de leasing proposent de vos louer la voiture « tout compris », c’est-à-dire incluant frais d’entretiens et taxe de circulation et de mise en circulation ... et leur siège social est en Flandre.


Cinquième question : Quel est le taux de déductibilité de ma voiture ?

simulation de déductibilité


Une voiture électrique est déductible à 100%
Une « vraie » voiture hybride est déductible selon une formule liée au carburant utilisé par le moteur thermique et au taux de Co2 mixte.
Une « fausse hybride », une essence, une diesel, une LPG et une CNG sont déductibles en fonction du taux de CO2 émis par le moteur thermique, avec des ratios différents selon le type de carburant.


ll faut utiliser la formule suivante depuis 2020 : 120 % – (0,5 % x coef. carb. x CO2/km). Les coefficients de carburant (coef. carb.) = 1 pour le Diesel et 0,95 pour les véhicules essence et les autres carburants, sauf 0,90 pour les CNG de 11 CV maximum.
Avec un minimum de 50 % (40 % si le taux de Co2 > 200)


Sixième question : Et l’ATN dans tout ça ?

Cet avantage en nature est déterminé en fonction du taux de CO2 et de la valeur catalogue (options comprises et hors remises)


simulation de calcul d'ATN


Depuis le 01/01/2021 le calcul de l’ATN a une nouvelle fois changé.


Pour rappel :

  • Diesel :
    prix catalogue x [5,5 + ((CO2 – 84) x 0,1)] % x 6/7 x coefficient d’âge de la voiture
  • Essence, full hybride, faux hybrides, LPG et CNG :
    prix catalogue x [5,5 + ((CO2-102) x 0,1)] % x 6/7 x coefficient d’âge de la voiture
  • Electrique/hydrogène/vrai plug-in hybride (diesel et essence) :
    prix catalogue x 4 % x 6/7 x coefficient d’âge de la voiture

L’ATN Minimum est de 1.370 €


Coefficient d’âge :

Période écoulée depuis la
première immatriculation
Coéfficient d'âge
du véhicule
De 0 à 12 mois 1,00
De 13 à 24 mois 0,94
De 25 à 36 mois 0,88
De 37 à 48 mois 0,82
De 49 à 60 mois 0,76
Au-delà de 60 mois 0,70


L’avantage en nature est de plus en plus cher ces dernières années. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un système qui reste très avantageux.
En effet, les sommes ont beau être en constante augmentation, il faut raisonner en terme de trésorerie pour comprendre l’intérêt de la chose.


Prenons un exemple concret.

A) Je possède ma voiture privée : Je suis propriétaire d’une BMW série 3, 320d. Elle émet 120 grammes de Co2, et coûte 41.149 € hors options. Je me suis fait plaisir et j’ai rajouté 5.000 € d’options. Le concessionnaire m’a fait un geste commercial de 10%, la voiture me coûte donc 41.234,10 € TTC. L’assurance coûte 1.500 € par an, la taxe de mise en circulation coute 2.478 €, la taxe de circulation 439,56 €, le carburant +/- 200 € par mois et les entretiens et pneus +/- 500 € par an.
Je vais garder ma voiture cinq ans, et je pense pouvoir la revendre 15.000 € TTC après cinq ans.


J’ai donc un coût mensuel de 1.131 €. NET… donc il me faut une rémunération brute mensuelle qui puisse me permettre de payer ces 1.131 €par mois. On dépasse les 2.000 € brut puisque cette rémunération est un complément à une rémunération existante.


B) La même BMW m’est octroyée en ATN.
Calcul de l’ATN : prix catalogue x [5,5 + ((CO2 – 84) x 0,1)] % x 6/7 x coefficient d’âge de la voiture
Donc ici : 46.149 x (5,5 + ((120-84) x 0,1)% x 6/7 x 1 = 3.599,62 € par an BRUT, soit 299,97 €
Ma voiture, du moins son usage privé illimité me coûtera donc l’impôt sur ma rémunération brute de 3.599,62 €.
Mensuellement donc, je devrai débourser l’impôt sur 299,97€, soit au taux plein 150 € par mois.
Au lieu des 1.131 € par mois si je possédais cette voiture en privé.
Mon employeur qui, lui, débourse les 1.131 € par mois, peut la déduire de ses frais (mais pas à 100%). Mais même si la voiture était déductible à 0% (à l’impôt et à la TVA), cela ne lui coûtera que 1.131 € par mois, pas l’équivalent brut de la rémunération qu’il doit vous octroyer.


Septième question : Et l’utilitaire ?

Alors on ne le dit jamais assez, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’avantage forfaitaire pour les utilitaires que l’usage privé d’un utilitaire ne doit pas être pris en compte. En effet, les formules de calcul reprises plus haut sont destinées aux véhicules mixtes. Mais la loi est extrêmement claire là-dessus, si aucun avantage en nature forfaitaire n’est prévu, l’usage privé sera déterminé à prix coûtant. Il vous appartient donc de justifier chaque kilomètre parcouru au volant de votre utilitaire, comme étant privé ou professionnel, et l’usage privé vous sera refacturé au prorata des kilomètres parcourus !
Petit message aux propriétaires de gros pick-ups utilitaires : le trajet domicile – lieu de travail étant considéré comme privé, le pourcentage privé peut vitre atteindre des sommets. Et la TVA repasse derrière…


Donc, en conclusion, oui, il est intéressant aujourd’hui d’acheter une voiture car les véhicules sur le marché sont proposés à prix réduits, et avec des taux de CO2 « taxe – friendly » mais on ne parle pas du tout d’investissement rentable. A long terme votre voiture ne vous aura jamais coûté aussi cher car dans le meilleur des cas vous arrivez à la revendre après quatre ou cinq ans à 35% de sa valeur initiale, ou dans la pire des cas vous évitez de payer la dernière mensualité majorée. Mais garder sa voiture huit ou dix ans est devenu aujourd’hui une utopie fiscale et économique.